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C'était ton anniversaire

[viol, ptsd, slutshaming] Un jour, ça a été ton anniversaire. Aujourd'hui. Un jour, je me souviens, je me sentais déplacé. ça faisait des mois, des années que je me sentais déplacé à côté de toi. J'ai tout pris pour toi, j'ai tout pris, j'ai pris le jugement, la condamnation sociale, j'ai pris la solitude infinie de ce que je ressentais. Je savais que c'était moi qui avait tort. Je suis resté, tu sais. Je suis resté tant que tu avais besoin de moi. Je serais revenu mille fois si tu me l'avais demandé. Je reviendrais toujours. Je reviendrais après tout ce que tu m'as fais, toujours, parce que JE suis la mauvaise personne. Pas toi. Je resterais pour toujours la salope. Je vais rester ce que tu as gravé sur ma peau, peu importe ce que je ferais ensuite. Mes mains ne tapent plus droit parce que j'essaye d'oublier. Il y a deux ans. On était encore ensemble. Tu n'as pas ouvert mon cadeau. On savait déjà que c'

I will swallow

La famille acceptante, tout à coup. Les béquilles. La défense. L'aide. Moi, je n'étais pas préparé à ça. Moi je n'étais préparé qu'à la solitude, à sortir les crocs, à arracher les mots de ma gorge pour vous les jeter en pleine face. Moi je n'étais que du feu et de la rage au bord de l'explosion. Retour en arrière. Début des douleurs et longtemps, longtemps après, des labyrinthes du diagnostique. J'avais mal à en mourir. J'avais mal à n'en plus exister. J'ai eu l'infini chance d'être enfin entendu. Et le malheur infiniment commun de n'être pas soigné. Parce que j'avais appris de vous qu'il ne fallait pas se plaindre. Parce que j'avais appris de vous que prendre des médicaments c'était être faible. Parce que j'avais appris de vous que jamais je ne faisais les choses bien. J'ai appris d'autres - et c'était des mots doux comme de la forêt, des mots qui m'ont sauvés - j

A un moment

A un moment, tout cela a arrêté de sentir la mort. Et c'était juste De la peau humaine contre ma peau Douce et réconfortante Des boucles noires qui tombaient en cascade sur mes épaules fragiles Un poids contre moi qui me ressuscitait Un contact continu qui me rendait A nouveau Vivant Et charnel Et vibrant Et désireux et désiré et désirable. La fin de la mort. La fin de ça, et de tout le reste. J'ai récupéré mon corps et ma chair et j'ai Effacé Tes mains sur mes mains Ton corps sur mon corps Mon corps Est redevenu le mien Entier Et palpitant. Les mains de l'autre Ont cessées d'être une prison.

A white blank page

Mes doigts se retournent sur mon clavier. La douleur m'a colonisé, partout, en long en large en travers je te jure il y a des jours elle dépasse de mon corps . Je suis en train de rouiller, ça y est, je suis devenu une machine qui rouille, bientôt je serais immobile - et même pas un arbre. En attendant je me fragmente, je m'explose, je suis partout et nulle part - je voudrais qu'on m'ancre dans la terre, dans le monde, dans la vie . Je ne sais plus qui je suis. Je ne suis plus qui je suis. J'ai besoin qu'on me soigne. J'ai besoin qu'on prenne soin de moi. J'ai besoin de retrouver où je suis dans le monde. Pour le moment je suis des fils qui se dévident sous mes pas, et je n'ai pas assez de mains pour me rattraper. Je me demande qui je suis, sous tout ça. Qui il reste. Une fois qu'on a enlevé toutes les attaches. And can you kneel before the king And say I'm clean I'm clean But tell me now Where was my

So you think you could tell heaven from hell

[sang, automutilation, suicide, mort] Pourquoi encore cette musique ? L'eau court sur ton bras. Rincer, regarder la chair se remplir à nouveau de ton sang, rincer, regarder, rincer. Sentir la vie s'écouler de toi, littéralement. Pendant des heures. Combien de temps est-ce que ça va encore prendre ? Ta tête tourne. La scène serait belle à raconter, la tête qui part en arrière, les lèvres qui cherchent de l'air, le corps qui tombe vers le haut, qui se détache, tout se détache, tout ira bien, tout ira bien...Ton sourire se tord un peu, c'est vrai, tu n'auras pas l'occasion de la raconter, cette scène. La paix. Enfin, la paix. Se regarder mourir. Se regarder mourir, doucement. S'interrompre. Fumer. Y'a le temps. Y'a encore le temps. L'eau, encore. Ecrire la lettre d'adieu qui cette fois ne sait pas te retenir. Il fait chaud. C'est doux. C'est fini de regretter les choses. C'est fini d'être du poison

"Peut mieux faire"

C'était toujours la même rengaine. Tu peux mieux faire, tu peux mieux faire, tu peux mieux faire. C'était jamais "tu fais assez". 22 ans et toujours l'impression de n'être qu'un potentiel gâché. Un seul roman écrit, pas publié, parce que peut mieux faire.  Un an de master redoublé à cause de handicap et peut mieux faire . Mes tentatives de guérisons ? Peut mieux faire . Jamais assez. Brouillon. Si seulement tu avais pris ton temps. Si seulement tu faisais les choses à l'avance. Si seulement tu faisais tout comme il faut, hein. Alors tu serais socialement acceptable, alors tu serais notre réussite qu'on pourrait exhiber comme un trophée - les mêmes qui s'empilent dans ta chambre d'enfant et qui ne veulent rien dire. Premier puis dernier, au gré de tes envies. Les réussites ne veulent rien dire. Rien ne demande de vrai effort, alors je ne vaux rien. De toute façon je ne fais rien de parfait, alors je ne vaux rien. "Du p

1 : comfort

tap tap tap tap tap tap tap tap tap tap tap tap tap les doigts sur le front et les temps les mains à plat sur les cuisses tap tap tap tap tap. Tête enfouie dans les genoux et bras autour, avant-arrière, avant-arrière, avant-arrière. Tête contre peau, respirer au même rythme que toi, un, deux, un, deux, un, deux. Caché Au fond De moi Même pas là, même pas là, même pas là. Sous le lavabo de la salle de bain, par terre, en boule, caché, caché, caché. Monde trop vaste. Besoin de disparaître. snip snip snip snip snip les doigts qui coupent l'air en marchant. snip snip. Plus de bruit qui m'avale. Frotter la peau jusqu'à ce que la sensation s'efface. Comfort. Sortir de la zone de confort. Le but à atteindre. Force-toi. Parle aux gens. Force-toi. Force-toi, force-toi, force-toi. Arrête de bouger. Parle plus. En fait parle moins. Épuise-toi. Ignore-toi. Faut sortir de sa zone de confort, dans la vie. Confort, il t'évoque quoi ce mot